Derniers contrôles américains de leurs exportations  

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Xi Jinping a affirmé lors du XXème Congrès du PCC en octobre dernier souhaiter “gagner la bataille des technologies clés” et de renforcer la position de la Chine en tant que grande puissance technologique. Ces efforts  pourraient bien  être compromis par les dernières mesures prises par Washington pour limiter la vente de semi-conducteurs de dernière génération et d’équipements de fabrication de puces à la Chine.

Le 7 octobre dernier, l’administration Biden a dévoilé un vaste ensemble de contrôles à l’exportation qui interdisent aux entreprises chinoises d’acheter des semi-conducteurs plus élaborés et des équipements de fabrication de semi-conducteurs sans licence. La règlementation restreint également la capacité des “personnes américaines” – y compris les citoyens américains ou les détenteurs de cartes vertes – à fournir un soutien au “développement ou la production” de semi-conducteurs  dans certaines usines en Chine. L’industrie mondiale des semi-conducteurs est  quasiment  entièrement dépendante des États-Unis et de leurs alliés pour la conception des semi-conducteurs, ce que les industriels appellent le design. Quelques entreprises américaines comme Intel ou Qualcomm se partagent la grande majorité du marché mondial du design.

“Sans ces dernières, ont déclaré certains analystes, les entreprises chinoises perdront l’accès non seulement aux semi-conducteurs les plus élaborés, mais aussi aux technologies et aux intrants qui auraient pu, au fil du temps, permettre aux fabricants de semi-conducteurs nationaux de gravir les échelons et de parvenir à la pointe du progrès.”

Les semi-conducteurs sont des éléments vitaux dans notre monde digital,  des smartphones et des voitures à conduite autonome à l’informatique avancée et à la fabrication d’armement. Comme souvent, les responsables américains ont parlé de cette nouvelle initiative comme d’une mesure visant à protéger  la sécurité nationale américaine. Elle intervient également alors que les États-Unis renforcent leurs propres capacités de fabrication de semi-conducteurs par de lourds investissements, dans le cadre d’un Chips Act de 53 milliards de dollars. Objectif : en terminer avec la dépendance des Etats-Unis à l’égard des importations de semi-conducteurs surtout produits en Asie de l’Est.

Ce qui a changé :

Auparavant, le gouvernement américain avait interdit la vente de certains produits technologiques à des entreprises chinoises spécifiques, telles que Huawei. Il a également demandé à certaines grandes entreprises européennes  de matériel de fabrication de semi-conducteurs  de cesser leurs expéditions vers la Chine. Mais leur toute dernière initiative est beaucoup plus étendue et significative. Non seulement elle interdit l’exportation vers la Chine de semi-conducteurs de dernière génération  fabriquées partout dans le monde à l’aide de la technologie de conception américaine, mais elle bloque également l’exportation des machines-outils utilisés pour les fabriquer.

Avec sa feuille de route « Made in China 2025 », Pékin s’est fixé comme objectif de devenir un leader mondial dans un large éventail d’industries, notamment l’intelligence artificielle (IA), la technologie sans fil 5G et l’informatique quantique. Lors du Congrès du Parti communiste chinois, Xi Jinping, reconduit pour un troisième mandat  a souligné que la Chine allait continuer de donner la priorité à la technologie et à l’innovation avec ces mots : “La Chine cherchera à rejoindre les rangs des pays les plus innovants du monde d’ici 2035, avec une grande autonomie et une grande force dans le domaine de la science et de la technologie”.

 Les dernières restrictions américaines  vont surtout handicaper la Chine pour progresser dans les secteurs de l’IA et de la 5G, des domaines gourmands en semi-conducteurs élaborés. C’est le moyen actuel pour l’administration Biden de maintenir les Chinois à un niveau un peu inférieur à celui des Etats-Unis, notamment dans les domaines des l’armement. La question est de savoir la vitesse à laquelle les acteurs chinois vont réussir ou non à rattraper l’écart technologique existant.

Or le dernier volant des mesures américaines concerne l’interdiction faite aux citoyens américains de travailler pour des entreprises de semi-conducteurs en Chine. Des ingénieurs et des cadres  supérieurs et des chercheurs américains se voient obligés de quitter leur poste en Chine s’il veulent pouvoir rentrer aux Etats-Unis. C’est autant de matière grise et de savoir faire qui s’en vont.

Cette mesure devrait concerner des cadres de nationalité américaine d’Advanced Micro-Fabrication Equipment China (AMEC), l’un des plus grands fabricants d’équipements pour semi-conducteurs du pays ou encore des membres du personnel de Memory Technologies.

Alors qu’une grande partie de la production mondiale de puces est concentrée en Asie de l’Est, la Chine est tributaire des puces étrangères, en particulier pour les processeurs et les mémoires avancés et les équipements connexes.

Le montant élevé des importations chinoises

Elle est le premier importateur mondial de semi-conducteurs et a dépensé plus d’argent pour en  acheter l’année dernière que pour ses approvisionnements en pétrole. La somme totale s’élève à  414 milliards de dollars de semi-conducteurs en 2021 soit l’équivalent de  16 % de la valeur de ses importations totales, selon les statistiques chinoises.

 Certains fournisseurs occidentaux ont déjà commencé à se préparer à interrompre leurs ventes à la Chine en réponse aux restrictions américaines sur les exportations. ASML International, le fournisseur néerlandais d’équipements pour semi-conducteurs s’attend à ce que les restrictions à l’exportation affectent plus de 40 % de ses ventes en Chine. Pr, la Chine, c’est  16 % de ses ventes d’équipements au cours des neuf premiers mois de cette année. Lam Research, qui fournit des équipements et des services pour les semi-conducteurs, pense perdre entre 2 et 2,5 milliards de dollars de revenus annuels en 2023 en raison des limitations américaines à l’exportation.

La tenue du XXème congrès du parti communiste à Pékin a retardé la survenue d’éventuelles contre-mesures chinoises. Xi est “préoccupé” par la politique américaine de relance de la production « made in USA » de semi-conducteurs. Une des hypothèses pour la Chine serait de décréter un embargo  sur les minéraux de terres rares raffinés sur son territoire. Ces terres rares sont des matériaux clés pour la fabrication de batteries électriques des voitures, pour les systèmes d’énergie renouvelable et également pour les semi-conducteurs. Ces terres rares ne sont pas facilement ou rapidement remplaçables  et la Chine domine la chaîne de traitement et d’approvisionnement. Il faut guetter la réaction chinoise. Parallèlement, du côté américain, un haut responsable du ministère du commerce évoque d’imposer de nouvelles restrictions aux exportations d’autres technologies vers la Chine. La guerre technologique sino-américaine semble définitivement s’intensifier.

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